ALESIA ET LE MUSEOPARC
« Toute la vérité scientifique est conditionnée
par l'état de la connaissance à l'heure de son annonce[1]. »
ALESIA : LA FIN D’UN MONDE
LE MUSEOPARC : DE GIGANTESQUES INVESTISSEMENTS
1 - Un centre d’interprétation pour comprendre et donner un sens
2 - Des bases scientifiques présentées comme incontestables
L’ETUDE CRITIQUE DU FAISCEAU ALISE = ALESIA
1 - La liste des indices
2 – Le texte de césar
ALESIA : LA FIN D’UN MONDE
Alésia fut le théâtre de l’une des plus formidables batailles de toute l’histoire, par le nombre de combattants engagés et par le changement de civilisation qu’elle entraîna pour la Gaule colonisée après sept ans de campagnes césariennes.
Au cours de la dernière campagne, en 52 avant J.-C., César doit faire face à une coalition gauloise de peuples fédérés. Après la défaite de Gergovie en Auvergne, les légions romaines de César rejoignent celles de Labiénus parti pacifier Lutèce, et ensemble prennent la direction de la Province romaine, c’est-à-dire le sud de la Gaule, déjà soumis à Rome depuis l’année 118 av. J.- C. Les Romains sont en fuite, ils veulent quitter la Gaule insurgée[2].
Vercingétorix dirige 80 000 hommes en armes et 15 000 cavaliers. Sa cavalerie attaque les légions romaines au cours d’une embuscade, espérant la victoire afin de débarrasser définitivement le sol gaulois de l’envahisseur romain. C’est la bataille de cavalerie, où la victoire inespérée de César n’est due qu’au renfort des cavaliers germains recrutés quelques temps auparavant.
Vercingétorix et ses troupes se réfugient alors dans la place forte d’Alésia. Celle-ci est assiégée par César. Le chef gaulois renvoie alors sa cavalerie dont la mission sera de transmettre à tous les peuples de la Gaule l’ordre de rassembler une immense armée de secours qui viendra à son tour attaquer l’assiégeant romain.
L’armée de secours gauloise aligne environ 240 000 hommes et 8 000 cavaliers. En face, César présente 10 à 12 légions (60 à 72 000 soldats) et plusieurs milliers de cavaliers germains. Les Gaulois de Vercingétorix sont 80 000 dans Alésia. Le site voit donc sûrement plus de 400 000 combattants se rassembler pour un combat décisif.
LE MUSEOPARC : DE GIGANTESQUES INVESTISSEMENTS
Le Muséoparc Alésia, inauguré le 22 mars 2012[3], est situé sur le site officiel de la célèbre bataille d’Alésia, autour du mont Auxois, en Côte d’or, dans la région Bourgogne. Ce parc comprend trois parties : le centre d’interprétation dans la plaine des Laumes et les reconstitutions extérieures d’un segment des lignes d’investissement, la ville gallo-romaine retrouvée et la statue monumentale de Vercingétorix érigée sous Napoléon III sur le mont Auxois. En 2016 est prévu l’ajout de deux nouvelles entités : un musée archéologique sur le mont Auxois et un ensemble de parcours-découverte d’une quarantaine de kilomètres sur 7000 hectares autour du site.
52 millions d’euros sont prévus pour l’ensemble du programme.
1 - Un centre d’interprétation pour comprendre et donner un sens
Le centre d’interprétation, conçu par l’architecte Bernard Tschumi, est reconnaissable par sa forme circulaire originale, son revêtement extérieur alliant le verre et le bois, et son toit plat planté de bouleaux. L’aménagement intérieur propose une grande diversité des moyens de compréhension : sculptures géantes, objets reconstitués, présentation de matériel archéologique, bornes interactives, écrans, films…
« Un Centre d’interprétation est un espace muséographique avec ou sans collection à visée de mise en valeur et de diffusion d'un patrimoine singulier impossible à réunir dans un musée classique destiné à accueillir un large public en recourant de préférence aux affects plus qu’à la seule cognition[4]. »
« Interpréter, c’est chercher à rendre compréhensible, à traduire, à donner un sens. Voilà l’invitation lancée par le Centre d’interprétation[5]. »
Nous comprenons donc d’emblée que le but premier du centre d’interprétation du Muséoparc Alésia est de faire comprendre la bataille d’Alésia, mais plus par le biais de phénomènes affectifs que par le biais de la pure connaissance scientifique.
2 - Des bases scientifiques présentées comme incontestables
Le Muséoparc Alésia tient son existence de l’affirmation suivante : la bataille d’Alésia s’est déroulée sur le site d’Alise-Sainte-Reine.
« Soucieux de fonder l’aménagement du site d’Alésia sur des bases scientifiques incontestables, le Conseil Général de la Côte-d’Or, en partenariat avec le ministère de la Culture, s’est appuyé sur un conseil scientifique réunissant des spécialistes internationalement reconnus pour faire émerger ce nouvel équipement[6]. »
« Bases scientifiques incontestables », « conseil scientifique », « spécialistes », on voit que la science est ici bien au rendez-vous du Muséoparc Alésia. La science est « la connaissance qu’on a de quelque chose » (Littré). Mais une démarche scientifique, aussi solide, documentée, étayée soit-elle, implique par essence même une possible remise en cause, au contraire d’une position dogmatique. Toute connaissance nouvelle remet forcément en cause des connaissances antérieures que l’on croyait intangibles, mais qu’il faut réétudier dans un cadre nouveau, discuter, adapter. C’est le principe même de la démarche scientifique dans un cadre démocratique.
Il nous faut reprendre un à un les indices qui forment le faisceau Alise = Alésia pour vérifier leur solidité. Pris dans son ensemble, un faisceau peut paraître indestructible. Mais si chaque indice prouve une réelle fragilité, que reste-t-il du faisceau lui-même ?
L’ETUDE CRITIQUE DU FAISCEAU ALISE = ALESIA
1 - La liste des indices
La liste des indices est établie par le site internet du Museoparc. Un extrait de L’archéologie face à l’imaginaire de Michel Reddé, directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, responsable des campagnes de fouilles menées dans les années 1990, y est cité :
« Aucun des arguments avancés pour démontrer qu’Alise est bien le lieu qui vit s’affronter César et Vercingétorix n’apporte, à lui seul, une preuve suffisante. (…) En revanche, le faisceau d’indices, la mise en série des arguments, leur complémentarité, constituent un phénomène tout-à-fait impressionnant, extrêmement rare en archéologie[7]. »
Suit une liste de onze indices[8] :
Les tessères des Alisienses
L’inscription in Alisia
Le témoignage de Pline l’Ancien
La tradition médiévale
Un centre religieux
Les travaux romains
Des centaines de monnaies
Des monnaies au non de Vercingétorix
Un fantastique arsenal
Des umbos de boucliers germains
Des chevaux gaulois et romains
A partir de ces indices, sont établies des pages critiques :
Le camp sur la montagne au nord
2 – Le texte de césar
« Lors de son séjour à Bibracte au cours de l’hiver 52-51 av. J.-C., César écrit sept livres qui constituent le De Bello Gallico. L’ouvrage couvre les sept premières années de la conquête de la Gaule… La confrontation des différentes copies montre que le texte original a été dans l’ensemble très bien respecté. Ecrits dans un latin classique admirable, les Commentaires de César sont très rapidement apparus comme une œuvre littéraire magistrale en même temps qu’un manuel militaire. Les témoins intéressés ont été trop nombreux pour que les faits relatés ne soient exacts[9]. »
Une étude critique de plusieurs points du texte de César sera faite à la suite de l’étude des indices.
Les données numériques de César à Alésia
1 ou 2 jours pour atteindre Alésia ?
Topographie et tactique à Alésia
[1] William Olser (1849-1919), médecin canadien père de la médecine moderne.
[2] César, B. G., VI, 66 : « Les Romains sont en fuite vers la Province, ils quittent la Gaule. »
[3] Le Premier ministre François Fillon, accompagné du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, a inauguré le MuséoParc d’Alésia. Pour François Sauvadet, ministre de la Fonction publique et président du conseil général de Côte-d'Or, ce site a pour vocation « de rendre compréhensible un évènement majeur de l'histoire de France dont il ne reste pas grand-chose ».
[4] Site internet du Muséoparc, alesia.com
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Michel Reddé, Alésia, L’Archéologie face à l’Imaginaire, Hauts Lieux de l’Histoire, Errance, Paris, 2003, p. 202.
[8] Site internet du Muséoparc, alesia.com
[9] Ibid.